Robert Lafont
La gacha a la cistèrna /Le guetteur à la citerne
1998. Avec une version française de l'auteur
Voici la somme et le sommet de l'œuvre poétique de Robert Lafont, celle où convergent tous les fils de l'écheveau, où se trouvent conciliées toutes les postulations de l'auteur. La forme est d'une parfaite rigueur : trois parties comportant respectivement 181, 174, 180 quintils, strophes de cinq vers, soit un total de 535 strophes. Les vers sont des décasyllabes agencés selon une formule rappelant en la compliquant la terza rima de Dante : AABCB, dans une fuite avant par la rime.
La Gacha a la cisterna est une suite poétique, essentiellement narrative, en trois chants, dont on ne peut retirer un segment sans mutiler tout l'ensemble. Lafont raconte d'abord dans « Dieu(s) » les guerres et les massacres dont la religion a été le prétexte depuis l'aube des grands empires, puis il évoque dans « Homme(s) » la trinité méditerranéenne du blé, du vin et de l'olive, ainsi que l'envers du travail humain, l'exploitation, l'esclavage et les guerres nationales. Enfin dans « Espace(s) », il médite sur la femme, la mer, le ciel et l'infini de cosmos. Un déferlement syntaxique déborde une structure formelle rigoureuse, sans en respecter les limites de vers ou de strophes, comme une marée ou comme la lave humaine des générations qui fait la matière du poème. La Gacha a la cisterna conjugue la marche et la posture immobile du guetteur, l'engagement et la contemplation, l'immersion et le recul, le dehors en devenir de la citerne et son dedans qui est mémoire immobile, l'énergie dynamique de la phrase et le formalisme de la strophe.
Poème où reviennent pour s'entrecroiser tous le fils d'une œuvre et d'une vie dans les visions du guetteur en incessante transformation kaléïdoscopique, les trois chants de La Gacha sont une Iliade, puis les Travaux et les Jours ou les Géorgiques, enfin une Odyssée. C'est aussi et à la fois une légende des siècles et une légende personelle, où figurent les lieux d'enfance de l'auteur, les rives du Gardon, par exemple, et des confidences récurrentes dans le reste de l'oeuvre depuis les Camins de la saba. Poème-monde embrassant l'éternité et le cosmos, elle s'achève en poème philosophique ou didactique sur le modèle du maître latin Lucrèce.
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La gacha a la cistèrna,
de Robert Lafont, avec une version française de l'auteur
Format : 14 x 22,5 / 248 pages / ISBN : 2-905213-13-2
Pretz : 22,50 €