Les éditions JORN
Association fondée en 1981 par Roselyne Roche, JORN a commencé par publier, jusqu'en 1986, une revue dont les quatorze numéros ont largement contribué
au renouveau de l’écriture littéraire en occitan.
Parallèlement, et jusqu'en 1995, JORN, en co-édition avec les éditions Fédérop, va éditer
une première série d'ouvrages aujourd'hui épuisés, parmi lesquels on pourrait citer Lo paisatge endemic de Philippe Gardy, Elena, roman
de Bernard Manciet, ou encore la Médée de Max Rouquette.
En 1995, trois écrivains, Jean-Paul Creissac, Jean-Claude Forêt et Philippe Gardy, prennent la suite de
Roselyne Roche à la direction des éditions JORN. Dans la continuité du projet initial, ils vont continuer à publier les plus grands noms de la poésie
occitane contemporaine
: Max Rouquette, Bernard Manciet,
Robert Lafont, Bernard Lesfargues... tout en défrichant de nouveaux territoires
en diffusant de nouvelles voix et des talents méconnus. > Voir le catalogue
JORN : de gauche à droite : Jean-Claude Forêt, Jean-Paul Creissac, Philippe Gardy
Philippe Gardy
Né en 1948 à Châlon-sur-Saône dans une famille ou l’on parlait regulèrement occitan et catalan, Philippe Gardy a commencé à écrire en langue d’oc au milieu des années 1960, à Nîmes, avec comme professeur Robert Lafont.
Enseignant de français et de latin, il s’est ensuite tourné vers la recherche, au CNRS, tout en continuant d’enseigner à l’université Paul Valéry de Montpellier. Ses recherches sont essentiellement consacrées à la littérature occitane et aux utilisations sociales de la langue, avec un intérêt particulier, mais pas exclusif, pour les écrivains (poètes surtout) de la période baroque et maniériste en Provence et en Languedoc, et, plus récemment, du XXe siècle. En tant que chercheur, Philippe Gardy a été le fondateur, en 1977, de la revue de sociolinguistique Lengas, dont il est encore aujourd’hui le directeur.
Il a collaboré et collabore toujours à plusieurs revues littéraires occitanes (Viure, Amiras, Dire, La Revista occitana, jusqu’à leur disparition ; Oc, Reclams). Il dirige, avec Jean-Paul Creissac et Jean-Claude Forêt, les éditions Jorn, et il est l’animateur de la collection Pròsa occitana aux éditions Trabucaïre de Perpignan.
Auteur de recueils de poésie (L’Ora de paciéncia, 1965 ; Lo Païsatge endemic, 1982), il écrit également des nouvelles. Ses derniers recueils parus : A la Negada (2005) ; Dins un cèu talhant de blau (2010)
Jean-Claude Forêt
Pour Jean-Claude Forêt, né à Lyon en 1950, en dehors des territoires d'oc, la découverte de l'occitan remonte à l'adolescence, pendant des vacances dans l'Ardèche septentrionale. De l'étude sur place du dialecte de cette région, Forêt passe au languedocien, appris cette fois dans les livres. De cette approche double naît en lui une hésitation, une oscillation entre les deux variétés dialectales. Professeur de lycée, puis enseignant à l'Université Paul Valéry de Montpellier, il a longtemps vécu à Chamonix.
Président des éditions Jorn, il a écrit de nombreux articles et comptes-rendus sur la littérature occitane. Animateur depuis toujours d'ateliers théâtre, il a composé plusieurs pièces en français et en occitan pour ses élèves et a publié des contes et des poèmes dans OC, des traductions en occitan de Pétrarque dans la Revista Occitana et de poésie grecque moderne (Seferis, Cavafys).
Il est également l’auteur de La Pèira d'asard (IEO, A Tots, 1990), roman écrit en trois variétés différentes d'occitan suivant les trois narrateurs (languedocien normé, occitan médiéval, haut-vivarois), Lo Libre dels grands nombres (Trabucaire, 1998), recueil de nouvelles qui méditent sur le rapport entre les langues, les mathématiques et notre condition d'hommes, Sang e saba (Trabucaire, 2005), roman sur la guerre et les plantes, dont le narrateur trouve paradoxalement dans l'univers végétal l'humanité reniée par les hommes.
Jean-Paul Creissac
Jean-Paul Creissac est né à Montpellier en 1955. L'occitan est pour lui une langue de famille, qu'il a entendue depuis toujours, notamment dans le village de Montpeyroux (non loin de Saint-Guilhem-le-Désert, au pied du Larzac) où il exerce aujourd'hui le métier de vigneron. Cet enracinement familial, des études de lettres et une longue activité d'animateur socio-culturel ont décidé de sa vocation d'occitaniste et infléchi son écriture, poétique pour l'essentiel, dans le sens du dépouillement et de la simplicité.
Ses œuvres, proses ou poèmes, ont paru dans la revue OC à laquelle il collabore depuis 1979. Son recueil Correspondéncia (Fédérop-Jorn, 1988, prix Jaufré Rudel 1989) rassemble quelque quatre-vingts poèmes brefs, soigneusement calibrés (dix vers répartis en cinq distiques), comme on taille la vigne, pour que s'y inscrivent des scènes de vie quotidienne et de voyage saisies sur le vif et rendues au présent, telles des notations de carnet de bord. L'absence de tout effet témoigne de la quête têtue d'une parole authentique débarrassée du procédé et de l'artifice. Le poète porte sur le monde des yeux d'enfant prompt à s'émerveiller. Il choisit des détails banals qui deviennent des événements considérables, au détour d'un vers, par la grâce d'une langue pétrie de simplicité et fluide comme le vent, dont elle parle d'ailleurs souvent.